Tuesday 19 June 2012

Cameron prêt à «dérouler le tapis rouge» aux entreprises fuyant la France

19 juin 2012
Le Premier ministre britannique David Cameron, le 14 juin 2012 à Londres
Le Premier ministre britannique David Cameron, le 14 juin 2012 à Londres (Photo Carl Court. AFP)

Le Premier ministre britannique annonce qu'il réservera le meilleur accueil aux exilés fiscaux de l'Hexagone. Michel Sapin rétorque que le «tapis rouge» à travers la Manche pourrait «prendre l'eau».

Le Premier ministre britannique David Cameron s’est dit prêt à «dérouler le tapis rouge» pour les entreprises fuyant l’impôt en France, ce qui a suscité l’ironie du ministre français du Travail Michel Sapin pour lequel ce tapis pourrait «prendre l’eau».
«Je ne sais pas comment on fait pour dérouler un tapis rouge au travers» de la Manche, «il risque de prendre l’eau», s’est amusé mardi Michel Sapin après les propos du chef du gouvernement britannique devant une assemblée de dirigeants d’entreprise à Los Cabos (Mexique), en marge d’un sommet du G20.
David Cameron visait le projet du président français François Hollande de relever l’imposition des contribuables les plus riches. «Quand la France instituera un taux de 75% pour la tranche supérieure de l’impôt sur le revenu nous déroulerons le tapis rouge, et nous accueillerons plus d’entreprises françaises, qui paieront leurs impôts au Royaume-Uni», a-t-il déclaré. «Cela paiera nos services publics et nos écoles», a-t-il estimé. David Cameron avait rappelé auparavant qu’il avait au contraire abaissé l’imposition des très hauts revenus en Grande-Bretagne.
Le ministre des Affaires européennes, Bernard Cazeneuve, s’est pour sa part dit confiant dans le patriotisme des patrons. «Ce que je peux répondre à cette affirmation du Premier ministre britannique, c’est qu’il y a des patrons français qui sont des patriotes, il y a dans l’arsenal des mesures que nous allons prendre en faveur des entreprises, des mesures qui favoriseront l’investissement et qui inciteront les entreprises à rester en France», a-t-il déclaré sur Canal Plus.
Le secrétaire national du PCF, Pierre Laurent juge, quant à lui, «triste de voir la Grande-Bretagne avoir comme ambition d'être le paradis fiscal de l’Europe» après les déclarations du Premier ministre britannique se disant prêt à «dérouler le tapis rouge» à ceux qui fuiraient l’impôt en France. David Cameron «devrait avoir pour son pays une autre ambition que ça et en Europe l’avenir c’est la solidarité, pas la guerre de tous contre tous et le règne des égoïsmes», a ajouté le responsable du Front de gauche.
La présidente du Medef Laurence Parisot a de son côté déclaré qu’elle ne voulait pas voir d’entreprises françaises sur ce «tapis rouge», appelant ainsi le gouvernement français à préserver leur compétitivité. «Je veux une économie française forte, je veux une France prospère, je veux des entrepreneurs qui puissent multiplier des projets sur notre territoire, et au-delà bien sûr, mais avec comme base notre territoire», a-t-elle plaidé.
François Hollande s’est engagé durant la campagne présidentielle à porter à 75% le taux de l’imposition pour les revenus au-delà d’un million d’euros. Son équipe avait précisé que pour les contribuables concernés, cela pourrait s’accompagner de plafonds sur certains impôts directs. «Je pense que c’est un propos qui lui a échappé!», s’est exclamé Michel Sapin, interrogé sur ce point par des journalistes.

«Tensions en Europe»

Ce dernier, qui venait de rencontrer l’ensemble des partenaires sociaux, a assuré que patronat et syndicats étaient «tous d’accord pour dire que la question de la croissance, la question de l’emploi et la question du dialogue social sont des éléments indispensables pour remettre d’aplomb nos économies».
«Il existe des difficultés, il existe des tensions en Europe, les rencontres comme celles-ci sont faites pour avancer, pour faire en sorte que l’on surmonte ces tensions et qu’il y ait des solutions, des propositions», a-t-il affirmé. Selon lui, beaucoup de monde se préoccupe de la situation en Europe. «Les Européens veulent pouvoir proposer des solutions, y compris à leurs autres partenaires du G20. C’est tout ceci qui est en train de se jouer ici», a expliqué Michel Sapin.
«Les Européens n’ont besoin de personne pour s’entendre mais quand on entend le président de la plus grande économie du monde», Barack Obama, «dire que si l’on veut résoudre les problèmes du monde, il faut à la fois rééquilibrer nos budgets et porter la croissance, ça fait plutôt chaud au coeur du président de la République française qui dit cela depuis de nombreux mois», s’est-il également félicité.
«Une économie ne peut se relever que si elle fonctionne sur ses deux jambes : le sérieux budgétaire d’un côté, et la croissance et l’emploi de l’autre», a-t-il encore dit.
(AFP)

 

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