Friday 15 June 2012

Les - vraies - raisons du "tout sauf Royal" à La Rochelle

- Publié le 15/06/2012

La candidate du PS pourrait perdre, dimanche, son combat législatif face à un candidat dissident inconnu il y a deux semaines. Voici pourquoi.

Ségolène Royal en campagne à La Rochelle.Ségolène Royal en campagne à La Rochelle. © Xavier Leoty / AFP

"Ici, ici, c'est Falorni ! Ici, ici, c'est Falorni !" Dans la salle de l'Oratoire jeudi soir, en plein coeur de La Rochelle, les partisans du candidat dissident de gauche sont exaltés. Le match de dimanche semble bien engagé. Un sondage BVA pour Le Parisien vient de tomber et donne leur champion gagnant avec 55 % des voix (un autre, la veille, le créditait de 58 %) face à Ségolène Royal candidate du PS, pour le second tour des législatives dans la 1re circonscription de Charente-Maritime. Sur scène, Olivier Falorni dénonce "le torrent de boue" qui s'est abattu sur lui. L'ancien premier secrétaire fédéral socialiste du département accuse sa rivale de le peindre en candidat de la droite et de l'extrême droite, d'être un "sous-marin de Sarkozy", bref, "une escroquerie politique". Au premier rang, des dirigeants locaux applaudissent : il y a l'ancien vice-président de région et ami de Lionel Jospin, Jean-François Fountaine, l'ancienne députée de la circonscription Colette Chaigneau, le responsable départemental du PRG Yann Juin...
Mais l'atmosphère est plus électrique que joyeuse, car, en réalité, ce qu'ils souhaitent plus que la victoire d'Olivier Falorni, c'est bien la défaite de Ségolène Royal. Un peu plus tôt, attablée devant un Perrier à une terrasse du Vieux-Port, la candidate de l'UMP Sally Chadjaa, éliminée de peu au premier tour, évoque le climat délétère de cette campagne et résume : "C'est un tout sauf Royal ici" : "Comme il y a eu un anti-sarkozysme primaire, il y a un anti-Royal primaire." Sauf qu'il y a bien des raisons qui font que Ségolène Royal risque fort de perdre dimanche soir...
Le refus des primaires. C'est le péché originel de la campagne de Ségolène Royal. Martine Aubry a beau rappeler que cette circonscription était réservée à "une femme" et Ségolène Royal que le maire de La Rochelle, Maxime Bono, lui a proposé qu'elle lui succède, aucun argument ne passe : les électeurs voulaient choisir leur candidat par un vote interne. "Depuis 1995, le PS organise sa rénovation, de l'élection du premier secrétaire à la primaire ouverte. Avec l'affaire de La Rochelle, il y a une restauration brutale", accuse Jean-François Fountaine.
"L'élu doit être élu, et non pas désigné !" tonne Colette Chaigneau. D'ailleurs, la sortie du ministre du Redressement productif n'est pas passée inaperçue. "Il n'y a qu'un seul ministre qui a eu des mots justes, c'est Arnaud Montebourg", dit-on. Le 12 juin, il dit sur RTL : "Si c'était à refaire, je crois qu'il eût été préférable qu'on organise une discussion et un vote."
La personnalité et les méthodes de Ségolène Royal. Le maire de Nieul-sur-Mer, et soutien de Olivier Falorni, Henri Lambert, raconte la scène, en marge du meeting de Falorni : "Ségolène Royal m'a téléphoné il y a un mois. Elle m'a dit mot pour mot : Comment ça se fait que tu ne m'apportes pas ton soutien ? Je lui ai dit que je ne changerai pas d'avis. Elle m'a dit : Très bien, je compterai mes voix à Nieul et je saurai m'en souvenir pour les municipales de 2014 ! Sous-entendu : Je mettrai un candidat de Désirs d'avenir face à toi ! "
Désirs d'avenir, c'est l'association créée pour soutenir Ségolène Royal pendant la primaire 2007. Le maire de La Rochelle, Maxime Bono, en est le plus éminent représentant local. Ainsi, lorsque l'équipe de Ségolène Royal se vante qu'au conseil municipal 16 adjoints sur 17 soutiennent sa candidate, et que seuls "6 ou 7 conseillers municipaux sur 48" soutiennent Falorni, le camp de ce dernier valide et conclut : "Pour avoir des responsabilités à La Rochelle, il faut être membre de Désirs d'avenir." Ces anecdotes, entre pressions politiques, intimidations et main-mise sur la ville, s'ajoutent à beaucoup d'autres, parfois plus futiles - Royal refuserait catégoriquement de discuter avec son coiffeur lorsqu'elle va se refaire une beauté, raconte la légende -, que les Rochelais se racontent à la terrasse des nombreux bistros de la ville.
Le soutien de l'appareil. Jean-Marc Ayrault est la seule personnalité parisienne à être épargné par le clan d'Olivier Falorni. "Sa venue a aidé Ségolène Royal, c'est un bon Premier ministre", dit Jean-François Fountaine. En revanche, la virée rochelaise de Martine Aubry et de Cécile Duflot mardi dernier est moquée par tous. Olivier Falorni dénonce "un oukase imposé par Paris qui envoie l'appareil en grande pompe, une caricature". Jean-François Fountaine l'assure : "Ce déplacement a été contre-productif, car il est passé pour un coup tordu." Jean-Michel Baylet, président du PRG, qui est venu aussi soutenir Royal mercredi matin, est lui soupçonné de l'avoir fait pour sauver la place de... Sylvia Pinel, seul ministre PRG du gouvernement Ayrault !
Même le soutien de François Hollande, qui bénéficie pourtant de toute la considération des deux camps, ne passe pas. Et encore moins le fait que Royal le revendique. "Nous au moins, on ne passe pas notre temps à dire : le président a dit !" moque-t-on chez Falorni.
Parachutage. Le soutien de cet appareil est d'autant plus mal perçu que Royal a beau être présidente de la région Poitou-Charentes, elle est dépeinte par ses adversaires comme une parachutée. Et ce n'est pas seulement des membres de l'UMP qui le disent. Il faut écouter Colette Chaigneau au meeting d'Olivier Falorni s'enflammer : "Les électeurs ont voté en leur âme et conscience pour un Rochelais de souche et de coeur ! Les partis d'accord, La Rochelle et Ré, d'abord !" Et être acclamée...
La présidence de l'Assemblée nationale. "Sa faute la plus forte, c'est d'avoir fait campagne sur la présidence de l'Assemblée nationale. C'est d'avoir dire aux Rochelais : votre territoire, je m'en fous ! C'est le perchoir que je veux", accuse Jean-François Fountaine.
Xynthia et Heuliez. Lors de sa venue à La Rochelle, Martine Aubry pour soutenir sa nouvelle amie Royal a rappelé : "La présidente tous les jours pendant l'après-tempête Xynthia (29 février 201, NDLR)." Sauf que sur la circonscription ce n'est pas du tout de cela qu'on se souvient. "Pour Xynthia, oui, elle est venue se montrer... Mais après, elle a refusé que la région cofinance le plan digues...", rappelle Jean-François Fountaine. Royal estimait que c'était à l'État de payer... Sauf que la région Pays de la Loire voisine avait voté l'effort sans discuter.
Même sur son engagement en faveur du sauvetage de Heuliez, les pro-Falorni l'attaquent. Royal a voulu sauver cette société industrielle en lui faisant fabriquer des voitures électriques. "Ce projet a coûté 5 millions d'euros à la région en 2010, et on rajoute pour Mia Electric 2,5 millions cette année..., mais la vérité, c'est qu'il n'y a aucun marché de la voiture électrique en France ! Heuliez, c'est le plus gros gaspillage d'argent public jamais fait...", accuse carrément un élu charentais sous le couvert de l'anonymat : "C'est la méthode Royal : elle décide seule, sans aucune expertise technique débattue." Et de lâcher : "C'était de l'esbroufe."
Ségolène Royal, pour l'emporter dimanche, compte sur la moblilisation des abstentionnistes. Encore faut-il qu'ils ne soient sensibles à aucun de ces arguments.
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