Créé le 15-06-2012 à 16h04 - Mis à jour à 19h04
"La médiocrité ne doit pas devenir l'étalon" de l'Europe selon Angela Merkel. Une critique à peine voilée de François Hollande.
La chancelière allemande, attaquée en France pour sa défense à tous crins de la rigueur, a vivement réagi ce vendredi 15 juin. Elle déplore le "manque de confiance entre les acteurs" de la zone euro et en met en garde ses partenaires contre la "médiocrité". "Il y a un faux débat qui est apparu, opposant la croissance et la rigueur budgétaire. C'est n'importe quoi", a-t-elle tempêté, dans une allusion évidente à François Hollande.
"Formules simplistes"
Jeudi, Angela Merkel a irrité son homologue français en dénonçant les "solutions de facilité" et "la médiocrité" des recettes proposées pour contrer la crise. "Formules simplistes", avait immédiatement rétorqué à Paris le Premier ministre Jean-Marc Ayrault. Habitué des critiques acerbes contre Berlin, le ministre Arnaud Montebourg a de son côté dénoncé "l'aveuglement idéologique" de la chancelière.Soucieux de mettre fin à l'omniprésence du couple franco-allemand, François Hollande avait affiché plus tôt son alliance avec l'Italien Mario Monti, ce qui a sans doute contribué à exaspérer la chancelière. A Rome, les deux hommes ont ainsi exposé leur "convergence de vues" sur les moyens de relancer la croissance et l'"émission commune de titres" obligataires à moyen terme. Une allusion aux euro-obligations qui restent largement rejetées par Berlin.
Une source à l'Elysée tente pourtant de nuancer les différences :
"Quoi qu'on en dise, il y a une vraie convergence avec l'Allemagne, les Allemands sont d'accord pour parvenir à un accord et des résultats ambitieux" au prochain sommet des dirigeants européens en juin, "on se rapproche progressivement".
La réception mercredi à l'Elysée de trois hauts responsables sociaux-démocrates allemands, le principal parti d'opposition avec lequel Angela Merkel mène de difficiles négociations en vue d'une ratification du pacte budgétaire européen, n'a pas arrangé l'ambiance et suscité la colère de la droite.Une rencontre qui a fait ainsi bondir l'ex-Premier ministre, François Fillon :
Inviter les socialistes allemands @Elysee ce n'est pas seulement inélégant envers Mme Merkel, c'est une faute contre le peuple allemand !
Ayrault : Paris et Berlin, "main dans la main" par Europe1fr
Croissance contre rigueur
A Berlin, le ministre allemand des Finances Wolfgang Schäuble s'en est par ailleurs pris à l'abaissement de l'âge de la retraite à 60 ans pour certains salariés français, qui est selon lui à rebours des décisions prises ailleurs en Europe. Au-delà des paroles, la méthode choisie par François Hollande irrite profondément les Allemands.Jeudi devant le Bundestag, Angela Merkel a encore fermement rejeté toute nouvelle mutualisation des fardeaux sans transfert de souveraineté européen.
Elle a redit non aux euro-obligations, ou même à l'idée d'un "fonds européen d'amortissement de la dette" relancée par le Parlement européen, dans lequel serait placée une partie des dettes nationales pour y être remboursée dans un délai de 25 ans.
Rendez-vous est donné pour un sommet tripartite le 22 juin
En coulisses, Berlin juge toutefois envisageable une "étape préliminaire" dans laquelle tous les pays européens présenteraient des plans de désendettement détaillés afin de rassurer les marchés. Berlin et Paris pourraient aussi trouver un terrain d'entente sur le renforcement de la supervision bancaire.La prochaine étape sera le sommet qui réunira les dirigeants français, allemand italien et espagnol le 22 juin à Rome. Pour l'Elysée, "un accord à plus de deux sur une position commune, à quatre, serait l'idéal".
Avec AFP
http://tempsreel.nouvelobs.com/economie/20120615.OBS8805/zone-euro-le-torchon-brule-entre-paris-et-berlin.html
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