Tuesday 12 June 2012

Nicolas Sarkozy, le plus protégé des ex-présidents

Publié
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni entourés de gardes du corps le 10 juin 2012 à Paris
Nicolas Sarkozy et Carla Bruni entourés de gardes du corps le 10 juin 2012 à Paris

La sécurité de l'ancien président de la République coûterait plus de 700.000 euros par an à l'Etat. Cette sécurité évolue en fonction de l'exposition publique de l'ex-chef de l'Etat.

Nicolas Sarkozy se sent plus menacé dans sa sécurité que les autres anciens présidents. C'est ce que croit savoir Paris Match . Selon l'hebdomadaire mardi, l'ancien chef de l'Etat a demandé que soient affectés à sa sûreté ainsi qu'à celle de sa famille, 10 officiers de police. Ce qu'il a obtenu. Une information corrigée par l'entourage de Nicolas Sarkozy: «Ce n'est pas l'ancien président de la République qui décide des effectifs de sécurité autour de lui, mais les services concernés, en l'occurrence le SPHP (Service de protection des hautes personnalités)».
«Ce dispositif n'a rien d'exceptionnel. Tout ça a été vu avec le ministère de l'Intérieur, explique Véronique Waché, l'attachée de presse de Nicolas Sarkozy. Par ailleurs, il y a deux chauffeurs parmi ces 10 policiers».
«Ces mesures n'ont rien à voir avec une protection de confort, précise par ailleurs un haut fonctionnaire. Sur le terrain, Nicolas Sarkozy sera défendu par deux équipes de cinq officiers de sécurité qui vont se relayer en permanence une semaine sur deux.»
Lors de ses déplacements en voiture, l'ancien président de la République dispose désormais d'un conducteur armé, mais aussi d'un policier assis au siège passager. Les trois «anges gardiens», circulant dans une voiture suiveuse. Ce dispositif permet de créer autour de Nicolas Sarkozy un «triangle de sécurité», formé par un policier du SPHP qui ouvre la voie et de deux autres qui couvrent ses arrières.
Un expert cité par le magazine ajoute que «Nicolas Sarkozy a déjà été agressé et plusieurs fois pris à partie verbalement. Cela peut expliquer ce fort niveau de protection».
D'après le magazine, les hommes qui assureront sa protection faisaient partie du Groupement pour la sécurité du président de la République (GSPR) durant le quinquennat du président sortant.

72.000 euros par policier

Le nombre de policiers qui assurent la protection des hautes personnalités n'est pas figé. Environ 220 officiers de sécurité veillent sur la présidence de la République et sur les membres du gouvernement. A titre d'exemple, quinze sont affectés au ministre de la Défense ou au ministre des Affaires Étrangères, six à la Garde des Sceaux.
«La décision de protéger ou non une personnalité dépend d'une analyse précise des risques de menaces qui pèsent sur elle», explique l'Unité de coordination de la lutte anti-terroriste (Uclat). L'état de la menace est alors apprécié au cas par cas, et un diagnostic est rendu, enrichi d'une échelle de risques graduée de 4 (normal) à 1 (très élevé). «En France, ce n'est jamais la personnalité menacée qui définit la dimension de son dispositif de protection, précise un policier. Plus la personne est médiatisée, plus elle est menacée. Quand un chef d'État quitte ses fonctions et l'espace politique, son exposition est forte car il a souvent cristallisé l'acrimonie d'un certain nombre de déséquilibrés. Puis, il se fait oublier au fil des années, ce qui est notamment le cas de Valéry Giscard d'Estaing contre lequel plus personne ne nourrit de haine à notre connaissance...»
Aujourd'hui Valéry Giscard d'Estaing ne bénéficie plus que de deux officiers du SPHP. De son côté, Jacques Chirac , qui avait lui aussi quitté l'Élysée avec une dizaine de gardes de corps en 2002, en conserve désormais huit. Au nom de la parité police-gendarmerie qu'il avait instauré, il est protégé par quatre supergendarmes du GIGN et quatre fonctionnaires triés sur le volet par le SPHP. Dans le lot, deux des gardes du corps veillent en particulier sur sa femme Bernadette Chirac. «L'ex-président Mitterrand a été protégé jusqu'à la fin de ses jours par des militaires du GSPR et un dispositif particulier a été maintenu pendant de longues années autour de Latché, comme autrefois un peloton de gendarmes mobiles a été déployé à Colombey-les-Deux-Églises où était établi le Général de Gaulle».
Les premiers ministres et les anciens ministres de l'Intérieur profitent également d'une sécurité permanente. Enfin, tous les ministres sortants conservent, sauf en cas de refus, une protection du SPHP pendant 6 mois.
Une lettre de l'ex-premier ministre, Laurent Fabius datée du 8 janvier 1985 prévoyait un dispositif de protection pour les anciens présidents, mais celle-ci n'a jamais été publiée au Journal officiel. On peut y lire : «Le président de la République François Mitterrand a estimé nécessaire (...), les dispositions applicables aux anciens présidents. Un appartement de fonction, meublé et équipé, avec deux personnes de service, deux policiers assurent leur protection rapprochée, une sécurité particulière pour leur domicile privé, une voiture de fonction à titre permanent avec deux chauffeurs, sept collaborateurs permanents pour leur secrétariat».
Dans son rapport publié en 2010 sur la protection des hautes personnalités, la Cour des comptes préconisait la réduction des dépenses des bodyguards de la République. Selon les calculs de la juridiction financière administrative française, le budget moyen d'un policier affecté pour ce type de contrat s'élèverait à 71.879 euros par an. Avec ses dix gardes du corps et si ce nombre n'évolue pas, la sécurité de Nicolas Sarkozy coûtera plus de 700.000 euros chaque année.
Par Christophe Cornevin
GRAND REPORTER
http://elections.lefigaro.fr/presidentielle-2012/2012/06/12/01039-20120612ARTFIG00492-nicolas-sarkozy-le-plus-protege-des-ex-presidents.php
 

No comments:

Post a Comment