Marie Bartnik
Le salaire minimum mensuel en euros brut en Europe, sur 12 mois. Pour les salaires minimum espagnols, grecs et portugais, qui sont versés sur 14 mois, la somme mensuelle versée a été ajustée.
INFOGRAPHIE - La France se situe au 4e rang des pays européens pour la générosité de son salaire minimum. Ces derniers mois, l'austérité budgétaire a contraint plusieurs pays à l'abaisser.
• Salaire minimum: une grande hétérogénéité en EuropeEn Europe, le salaire minimum varie de 138 euros mensuels brut en Bulgarie, à 1801 euros au Luxembourg. Même s'il est exprimé en standard de pouvoir d'achat (SPA), qui permet de prendre en compte les différences de prix entre les pays, l'hétérogénéité reste très forte au sein de l'Union européenne (272 euros en Bulgarie, 771 euros en Espagne, 1495 euros au Luxembourg). «Cela traduit la grande disparité des pays de l'Union en termes de PIB par habitant», explique Marion Cochard, économiste à l'OFCE. La France, quant à elle, se situe dans la fourchette haute: avec un smic à 1262 euros brut (SPA), elle est le quatrième pays le plus généreux de l'UE, après le Luxembourg, les Pays-Bas et la Belgique. Et ce alors qu'en 2010 elle n'était, selon Eurostat, que le 14e pays de l'UE le plus riche par habitant.
Tous les pays de l'UE ne disposent cependant pas d'un salaire minimum. Seuls 20 pays sur 27 en ont adopté un, qui couvre l'ensemble de leurs salariés. En Allemagne, en Autriche, en Italie ou encore dans les pays nordiques, les rémunérations minimales sont fixées par des accords de branches. «Dans les pays nordiques, la plupart des salariés sont couverts. Mais en Allemagne, le marché du travail est devenu dual: si les salariés de l'industrie sont bien protégés, ceux des services peuvent être rémunérés moins de 4 euros brut de l'heure», explique Marion Cochard.
• Un difficile arbitrage entre lutte contre la pauvreté et protection de l'emploi
«Le salaire minimum est un instrument de lutte contre la pauvreté. Mais toute la difficulté est de le hisser à un niveau qui ne pénalise pas l'emploi», explique Christine Erhel, chercheuse au Centre d'études de l'emploi. Ce niveau est généralement fixé autour de 50% à 60% du salaire médian*. En deçà, il est jugé inefficace à lutter contre la pauvreté des travailleurs. Mais, à un niveau trop élevé, il écrase la hiérarchie des salaires et nuit à la compétitivité des entreprises. «D'une manière générale, on renchérit le coût du travail si la hausse du salaire minimum est supérieure à celle de la productivité. Or depuis la crise, la plupart des pays de l'UE ont perdu en productivité», explique Marion Cochard.
Dans certains pays, comme l'Espagne ou le Portugal, «le salaire minimum est conçu comme une rémunération de subsistance, précise l'économiste. D'autres pays, comme la France ou la Belgique, y voient en outre un moyen de stimuler le pouvoir d'achat». Les «coups de pouce» au smic, accordés en sus de l'inflation, et la récente proposition de François Hollande de l'augmenter s'il est élu se situent dans cette perspective. Au Royaume-Uni, qui l'a réinstauré avec succès en 1998, le salaire minimum constitue l'un des principaux moyens de lutte contre la pauvreté. À 1202 euros brut en 2012, il a été augmenté de 4,8% par an en moyenne entre 2000 et 2008, contre 2,5% en France.
• Des salaires minimums orientés à la baisse dans plusieurs pays
Dans la plupart des pays européens, le salaire minimum est réévalué annuellement en fonction de l'inflation. Mais plusieurs pays en difficulté de la zone euro l'ont récemment gelé, voire rogné, sous l'effet de la crise. C'est le cas de la Grèce, de l'Irlande, de l'Espagne… Même les pays d'Europe de l'Est, dont les salaires minimums se situent en bas de l'échelle européenne, ont procédé ces derniers mois à des ajustements. «Il s'agit à la fois de doper la compétitivité de ces économies et d'alléger les charges qui pèsent sur les entreprises, donc de préserver l'emploi sans grever les finances publiques. C'est une façon de partager le travail», explique Marion Cochard.
En Allemagne, en revanche, l'idée d'instaurer un salaire minimum national fait son chemin. En novembre dernier, le parti d'Angela Merkel, la CDU, a donné son accord pour introduire un seuil minimal dans les branches professionnelles qui en sont actuellement démunies. La forte augmentation du nombre de travailleurs pauvres en Allemagne depuis la réforme du marché du travail du début des années 2000 et la bonne tenue de la croissance allemande ont fait surgir ces revendications. La Commission européenne, la semaine dernière, leur a fourni un appui, en déclarant «plaider pour la généralisation de salaires minimaux (…) qui ont bien contribué à réduire la pauvreté et à soutenir la demande». «Une façon de dire, estime Marion Cochard, que l'Allemagne doit prendre le relais de la croissance européenne, en stimulant sa consommation.»
*Le salaire médian est tel que la moitié des salariés gagne moins et l'autre moitié plus.
LIRE AUSSI:
» Hollande promet de donner un «coup de pouce» au smic
» Chômage: Bruxelles lance un pavé dans la mare
» L'Allemagne réfléchit à des salaires minimums
SERVICE:
» Les offres d'emploi en France et à l'étranger avec Cadremploi
SUIVEZ LE FIGARO EMPLOI SUR:
» Twitter: @LeFigaro_Emploi
http://www.lefigaro.fr/social/2012/04/23/09010-20120423ARTFIG00811-en-europe-le-salaire-minimum-patit-de-la-crise.php
***
Les salaires grecs ont fondu d'un quart en 2011
Le Monde.fr avec Reuters |
Les salariés du secteur privé en Grèce ont vu leurs salaires plonger de 25 % en 2011, subissant ainsi de plein fouet l'effet de la récession dans laquelle le pays est plongé depuis plus de quatre ans, selon un rapport de l'Organisation pour la coopération et le développement économique (OCDE), publié jeudi 26 avril.Le salaire brut moyen d'un salarié à plein temps a ainsi baissé de 23,1 % en 2011 et de 25,3 % après la prise en compte de l'inflation, lit-on dans ce rapport.
SALAIRE NET
En moyenne, le salaire net est retombé à 12 530 euros par an en Grèce, soit moins de la moitié de ce qu'il est en Allemagne. Ce chiffre est également inférieur au salaire net moyen au Portugal - autre pays de la zone euro en difficulté.
Le salaire grec retombe ainsi à son niveau de 2006. Il reste toutefois de quelque deux tiers supérieur au niveau de 2000, année qui a précédé l'entrée de la Grèce dans l'euro.
RÉCESSION
Les mauvaises nouvelles s'enchaînent pour le pays. La Grèce devrait voir son produit intérieur brut chuter de "près de 5 %" en 2012, après un recul de 6,9 % en 2011, selon des prévisions de la Banque de Grèce publiées mardi.
Quant au taux de chômage annuel, il devrait s'élever à "plus de 19 %" en 2012, contre 17,7 % en 2011 - année durant laquelle 300 000 emplois ont été détruits.
Grèce : un millier de petites entreprises ferment chaque semaine
Jusqu'à un millier d'entreprises individuelles auront mis la clé sous la porte chaque semaine en Grèce au premier semestre 2012 en raison de la crise profonde dans laquelle s'enfonce le pays, a estimé vendredi 20 avril la Commission européenne, qui tente d'enrayer le phénomène."La Grèce fait face à une crise économique et sociale sans précédent, qui se reflète dans la situation des petites et moyennes entreprises : six entreprises sur dix ont vu leurs revenus baisser en 2011 et 150 000 emplois ont été perdus", a précisé la Commission.
La Commission plaide en conséquence pour une aide accrue à ces sociétés, autoentrepreneurs et entreprises familiales, qui forment l'essentiel du tissu économique grec.
ASSÈCHEMENT DU CRÉDIT
Depuis septembre dernier, l'Union européenne, via sa "task force" pour la Grèce, tente notamment de trouver les moyens de remédier à l'assèchement du crédit dont souffrent les PME, les banques - déficitaires, coupées des marchés et dépendantes de la BCE - ayant coupé les prêts.
En mars, un fonds spécial de garantie, doté de 500 millions d'euros, a été créé par l'UE pour favoriser par le biais de la Banque européenne d'investissement l'octroi de prêts aux PME à hauteur d'un milliard d'euros.
Selon la Commission, en 2010, la Grèce comptait 742 600 très petites entreprises employant au total 2,512 millions de salariés, soit plus de 85 % de l'emploi total du pays, un niveau record dans l'UE. Ces structures produisent 35,3 % de la valeur ajoutée du pays contre 21,8 % en moyenne dans l'UE.
Avec 14 % des salariés en moyenne en Grèce, contre 33 % dans le reste de l'Union, les grandes entreprises créent elles 28 % de la valeur ajoutée, ce qui souligne la faible productivité des petites entreprises en Grèce, ajoute la Commission.
***
Le smic horaire à 9 euros au 1er janvier
***
Salaire minimum en Allemagne 2012 : Un salaire adapté pour les 27
Un Smic Européen est-ce vraiment possible? La commission européenne réfléchit à la mise en place de mesures destinée à une reprise génératrice d'emploi. Elle souhaite l'instauration de salaires minimums obligatoires "pour aider à prévenir une augmentation des travailleurs pauvres". Pas évident pour tous cette mesure, car l'allemagne par exemple n'a pas de SMIC comme 6 autres pays européens.La commission souhaite la mobilité au sein de l'union européenne et là la France est en ligne de mire car comme 8 autres pays, ils "restreignent l'accès de travailleurs bulgares et roumains à leur marché du travail".
Voici la liste des salaires minimum par pays des 27 :
Luxembourg 1801,49 euros
Irlande 1461,85
Pays Bas 1446,60
Belgique 1443,54
France 1398,37
Portugal 565,83
Pologne 336,47
Slovaquie 327
République Tchèque 310,23
Hongrie 295,63
Estonie 290
Lettonie 285,92
Lituanie 231,70
Roumanie 161,91
Bulgarie 138,05
Royaume Uni 1201,96
grève 876,62
Slovénie 763,06
Espagne 748,30
Malte 679,87
Les pays ne disposant pas de salaires minimum : Danemark, Allemagne, Italie, Chypre, Autriche, Finlande et Suède
***
BERLIN - Le salaire minimum généralisé fait lentement son chemin en Allemagne
BERLIN - L'idée d'un salaire minimum généralisé fait lentement son chemin en Allemagne, où des conservateurs du parti de la chancelière Angela Merkel se disent désormais prêts à discuter de ce qui fut longtemps un tabou."Nous voulons un niveau minimum salarial, décidé par les partenaires sociaux", selon un projet de motion qui doit être présenté au prochain congrès fédéral de l'Union chrétienne-démocrate (CDU), du 13 au et 15 novembre à Leipzig (est).
Ce ne serait donc pas les politiques qui fixeraient ce montant minimum, mais patronat et syndicats, conformément à la tradition allemande où les accords salariaux sont conclus entre ces deux acteurs, organisés par branche d'activité.
Selon l'ébauche de projet de la CDU, une commission de partenaires sociaux fixerait un niveau minimum valable pour toute l'Allemagne et pour tous les secteurs. Il s'orienterait sur celui fixé pour le travail partiel, qui est actuellement de 7,79 euros brut, à l'ouest, et de 6,86 euros, à l'est.
"La question n'est plus, est-ce que nous allons avoir un salaire minimum, mais comment négocier son niveau exact ?", a déclaré la ministre du Travail, Ursula von der Leyen (CDU), dans un entretien au quotidien Süddeutsche Zeitung.
"Angela Merkel est ouverte au débat. Elle estime qu'il s'agit d'une question de dignité au travail", a déclaré le porte-parole adjoint du gouvernement, Georg Streiter, lors d'un point presse lundi. Mais, pour l'instant, la discussion a lieu au sein du parti conservateur et non au sein du gouvernement, a-t-il précisé.
Selon le politologue Gerd Langguth, biographe de la chancelière, cette volte-face des conservateurs est "une manoeuvre tactique de Mme Merkel".
"C'était le seul sujet politique important où les sociaux-démocrates --SPD, principaux adversaires de la CDU-- marquaient des points dans les sondages", remarque-t-il. "Angela Merkel leurs coupe l'herbe sous le pied dans la perspective des législatives de 2013".
Les Libéraux, petit partenaire de coalition de la CDU, se sont dit prêts à en discuter tout en signalant leur opposition à l'intervention des politiques dans la fixation du montant.
Ces dernières années, des cas de caissières payées à peine plus de 5 euros bruts de l'heure avait indigné le pays.
Actuellement, il n'y a pas de salaire minimum généralisé en Allemagne, mais les partenaires sociaux ont la possibilité d'en fixer un, secteur par secteur: c'est déjà le cas pour le BTP, les personnels d'entretien ou encore les peintres en bâtiment. Ils concernent cependant seulement les entreprises qui ont signé les conventions collectives.
En partie grâce au développement des emplois précaires et faiblement rémunérés ces dernières années, l'Allemagne peut se targuer d'un niveau de chômage historiquement bas depuis la réunification du pays: 6,9% en septembre, en données corrigées des valeurs saisonnières (CVS).
"Près de 10% des actifs travaillent dans le secteur des bas salaires. Des rémunérations qui ne leurs suffisent pas pour vivre", estime Barbara Riedmüller, chercheuse de l'Université libre de Berlin.
"Et cela coûte cher aux contribuables, puisqu'il faut que l'Etat paye la différence", ajoute-t-elle, citant notamment parmi les métiers les plus touchés, les coiffeurs, équarrisseurs, personnels de sécurité, de l'hôtellerie et de la restauration.
Réclamé depuis longtemps par les syndicats, le salaire minimum généralisé est battu en brèche par les fédérations patronales qui affirment qu'il détruirait des emplois.
Les partis d'opposition, SPD, extrême-gauche (Die Linke), et Verts, se sont dits ouverts à la discussion avec la CDU, tout en réclamant des avancées concrètes.
No comments:
Post a Comment