Friday 15 June 2012

Législatives : les 5 enjeux du second tour

Créé le 14-06-2012 à 16h10 - Mis à jour le 15-06-2012 à 17h26

De quelle majorité disposera le PS? L'UMP implosera-t-elle? Le FN fera-t-il son entrée à l'Assemblée? Le "Nouvel Obs" fait le tour des enjeux de ce second tour des législatives. 

 

PS : objectif majorité absolue

A l'heure des comptes dimanche soir, le Parti socialiste espère bien dépasser la barre des 289 sièges, synonyme de majorité absolue. En dessous de ce seuil, ils dépendraient directement des Verts ou du Front de gauche pour faire voter leurs lois et seraient obligés de reformer une "gauche plurielle". La projection Ifop donne à ce jour une fourchette entre 297 et 332 députés pour le PS. Le gouvernement disposerait alors d'une majorité suffisamment large pour appliquer le projet défendu par François Hollande.
Selon l'analyste politique Philippe Chriqui, la gauche bénéficie d'une "prime majoritaire" depuis l'élection du président, qui devrait amplifier son score lors de ces législatives. Maintenant qu'elle est majoritaire au Sénat, la gauche rêve de détenir les 3/5e des élus pour pouvoir engager une réforme constitutionnelle, comme par exemple le droit de vote des étrangers aux élections locales. Mais il faudrait 378 élus au palais Bourbon. Difficile, même avec les Verts et le Front de gauche.

EELV et Front de gauche : tout pour le groupe

Pour Europe Ecolgie-les Verts, l'enjeu est simple : obtenir un groupe parlementaire. Soit 15 députés. Pas garanti. Même après les résultats encourageants du premier tour (5,4% des voix, 40 candidats en lice dimanche). "On est au bord d'avoir un groupe. On peut être à 16 ou 17 députés comme à 13", estime Pascal Durand, porte-parole d'EELV. Noël Mamère a déjà son ticket pour l'Assemblée. Avec 15 députés ou plus, les écolos pourraient se revendiquer comme la deuxième force à gauche, derrière le PS. Et devant le mouvement de Jean-Luc Mélenchon, qui avait pourtant obtenu près de dix points de plus qu'EELV à la présidentielle.
Ils voulaient être plus de 20. Mais le Front de gauche a dû revoir ses ambitions législatives à la baisse. Les députés du Parti communiste ne seront à priori pas plus d'une dizaine à l'Assemblée. Le bilan est encore plus noir pour le Parti de gauche. Tous les leaders de la formation, Mélenchon en tête, ont été éliminés au premier tour. Seul Marc Dolez dans le Nord devrait conserver son poste. Le Front de gauche voulait peser sur la politique du PS, il n'est même plus sûr aujourd'hui d'avoir son groupe à l'Assemblée nationale.

A droite, limiter la casse

La possibilité d'une cohabitation s'éloigne avec les résultats du premier tour. L'objectif pour l'UMP est désormais d'avoir le plus de députés possible. La fin de la période électorale va marquer pour l'UMP l'ouverture d'une autre campagne non moins cruciale pour la présidence du parti. François Fillon et Jean-François Copé ont bataillé ces dernières semaines pour faire figure de leader de l'opposition.
La position du "ni FN ni front républicain" choisie par le parti pendant l'entre-deux tours atteste d'un changement de ligne profond et pourrait amener de nombreux débats idéologiques dans les mois qui viennent.

Le FN s'y voit déjà

Pousser les portes du Palais Bourbon. Marine Le Pen en rêve. La patronne du Front national n'a jamais été aussi proche de devenir députée. Le combat qui l'oppose au socialiste Philippe Kemel à Hénin-Beaumont sera extrêmement serré. Mais elle n'est pas la seule chance du FN d'avoir des représentants à l'Assemblée. Gilbert Collard dans le Gard, Florian Philippot en Moselle, ou sa nièce Marion Maréchal dans le Vaucluse bataillent avec le même objectif.
Si le FN fait son entrée à l'Assemblée nationale, le clan Le Pen considérera ces élections comme une victoire. Mais malgré ses 18% aux élections présidentielles, rien n'est encore assuré pour les frontistes. Entre 0 et 4 élus ? réponse dimanche soir.

Les stars au bord du précipice

Après Jean-Luc Mélenchon battu à Hénin-Beaumont, Rama Yade éliminée à Asnières-Colombes, plusieurs figurent nationales pourraient être défaites dimanche.
Dans la 4e circonscription de l'Essonne, Nathalie Kosciusko-Morizet (39,46% au premier tour) sera opposée au socialiste Olivier Thomas (36,29%). L'ancienne porte-parole de Nicolas Sarkozy pour la campagne présidentielle fait partie d'une liste de candidats à faire battre aux yeux du Front national. Le parti d'extrême-droite a explicitement appelé à voter PS.
Dans la 1ère circonscription de Charente-Maritime, Ségolène Royal (32,03%) affronte le dissident Olivier Falorni (28,91%) dans un duel gauche-gauche ultra médiatisé. Selon un sondage Ifop paru mercredi, la présidente de Poitou-Charentes pourrait être balayée dimanche, à 42% contre 58%, Olivier Falorni récoltant une partie des voix des électeurs de l'UMP Sally Chadjaa.
Dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, François Bayrou est en grande difficulté. Arrivé en deuxième position au premier tour avec 24%, loin derrière la candidate PS Nathalie Chabanne, à 35%, le député sortant est donné perdant dans une triangulaire où s'est invité l'UMP Eric Saubatte. François Bayrou joue son va-tout pour tenter de reconquérir son électorat.
Nadine Morano est en ballotage défavorable dans la 5e circonscription de Meurthe-et-Moselle, où elle affronte le socialiste Dominique Potier. Devancée au premier tour, l'ex-ministre UMP multiplie depuis les appels de pieds au FN.
Michèle Alliot-Marie est arrivée en tête avec 35,37% des voix dans la 6e circonscription des Pyrénées-Atlantiques, devant la candidate PS Sylviane Alaux (31,55%), mais elle a perdu 13,5 points par rapport à 2007.
Jack Lang, arrivé en tête dans la 2e circonscription des Vosges face à l'UMP Gérard Cherpion, est en passe de gagner son pari. Le PS peut espérer gagner deux à trois sièges dans ce département acquis à la droite depuis 2002.
Claude Guéant est arrivé en tête au premier tour dans la 9e circonscription des Hauts-de-Seine (30,41%), suivi de près par le dissident UMP Thierry Solère (26,89%) dans une triangulaire où s'est invitée la PS Martine Even.
Tous les résultats ville par ville :
http://tempsreel.nouvelobs.com/legislatives-2012/20120614.OBS8686/legislatives-un-second-tour-qui-fixera-les-rapports-de-force.html?google_editors_picks=true

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Les points chauds des législatives

Créé le 10-06-2012 à 18h37 - Mis à jour à 19h46

L'avenir de Bayrou, le poids du FN, les sarkozystes... Toutes les circonscriptions à surveiller ce soir. 

Hénin-Beaumont, Gard, Moselle … Quel poids pour le FN ?

Le Front national parviendra-t-il à faire élire des députés? Dans combien de circonscriptions pourra-t-il se maintenir au second tour ? Il y a trois circonscriptions à suivre en particulier dans ce scrutin qui donneront la teneur du vote FN. D'abord la plus visible : celle d'Hénin-Beaumont, où se joue le très médiatique duel qui oppose la présidente du parti Marine Le Pen au leader du Front de gauche Jean-Luc Mélenchon. En embuscade, le candidat socialiste Philippe Kemel pourrait devancer les deux candidats.
Ensuite, la 2e circonscription du Gard où l'avocat Gilbert Collard, qui se présente sous l'étiquette "rassemblement bleu marine", est en bonne position pour l'emporter.
Et enfin la 6e circonscription de Moselle où Florian Philippot, directeur de campagne de Marine le Pen pendant la présidentielle pourrait réussir à s'imposer.

2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques : L'avenir de Bayrou

L'enjeu pour le président du MoDem dépasse largement le scrutin législatif. Relégué à la cinquième place au premier tour de l'élection présidentielle, François Bayrou n'a pas su renouveler l'exploit de 2007 et joue son destin national.
Son "vote à titre personnel" pour François Hollande au second tour n'a pas empêché le PS de présenter un candidat face à lui dans la 2e circonscription des Pyrénées-Atlantiques. Selon les derniers sondages François Bayrou était au coude à coude avec son adversaire socialiste Nathalie Chabanne, tous deux devant l'UMP Eric Saubatte.

Haute-Garonne, Moselle, Bouches du Rhône… Les ministres en danger

La règle est simple ministre perdant, ministre sortant. Sur les 25 ministres en campagne cinq d'entre eux risquent d'être confronté à ce cas de figure. Kader Arif dans la 10e circonscription de Haute-Garonne, Aurélie Fillipetti dans la 1e circonscription de Moselle, Marie-Arlette Carlotti dans la 5e circonscription des Bouches-du-Rhône, Stéphane Le Foll dans la 4e circonscription de la Sarthe ou encore Sylvia Pinel dans la 2e circonscription du Tarn-et-Garonne.

Hauts-de-Seine, Yvelines…Les sarkozystes menacés

Parachutées ou non, plusieurs figures de la Sarkozie pourraient se retrouver en difficulté. C'est le cas de l'ancien ministre de l'Intérieur Claude Guéant candidat à Boulogne Billancourt face au dissident Thierry Solère. Mais aussi de l'ancien conseiller spécial de Nicolas Sarkozy Henri Guaino, parachuté dans les Yvelines.
La porte-parole de Nicolas Sarkozy pendant la présidentielle et ancienne ministre de l'Ecologie, Nathalie Kosciusko Morizet n'est pas assurée d'être réélue dans son fief de Longjumeau face au socialiste Olivier Thomas.
L'ex ministre de l'Apprentissage et soutien inconditionnel de Nicolas Sarkozy, Nadine Morano est menacée par une triangulaire avec le FN dans la 5e circonscription de Moselle.
Cas particulier : Rama Yade, sarkozyste ambiguë qui se présente sous l'étiquette du Parti radical, elle pourrait arriver derrière le candidat socialiste Sébastien Pietrasanta et l'élu UMP sortant Manuel Aeschlimann.

La Rochelle, Paris… Les ambitieux

Pour eux la députation n'est qu'une étape vers un objectif plus grand. Ségolène Royal qui se présente à la Rochelle espère ainsi être désignée présidente de l'Assemblée nationale.
L'ancien Premier ministre, François Fillon qui se présente dans la 2e circonscription de Paris pourrait briguer la mairie en 2014. Avant ça, il devrait se lancer dans la compétition pour la présidence de l'UMP qui se concluera par l'élection d'un nouveau chef lors d'un congrès à l'automne. Dans cette bataille il affrontera l'actuel secrétaire général Jean-François Copé candidat dans la 6e circonscription de Seine-et-Marne.

Bouches-du-Rhône, Pas de Calais… Les dissidents gênants

Exclus de leur parti d'origine pour affaires judiciaires ou autre, ils sont candidats sous d'autres étiquettes. Parmi les cas les plus marquant celui de Jean-Pierre Kucheida exclu du PS député sortant de la 12e circonscription du Pas-de-Calais qui a maintenu sa candidature. Les soupçons de corruption qui pèse sur lui pourraient bénéficier au candidat de l'UMP, Frédéric Lamand, aux dépens du candidat présenté par le PS, Nicolas Bays.
A plus de mille kilomètres de là, dans la 4e circonscription des Bouches-du-Rhône, Sylvie Andrieux suspectée de détournement de fonds s'est vue retirer son investiture par le PS.
Enfin, Christian Vanneste, non investi par l'UMP pour propos homophobes, se présente dans la 10e circonscription du Nord sous l'étiquette Rassemblement pour la France (RPF). Il affronte Gérald Darmanin investi par l'UMP. Une désunion de la droite qui pourrait profiter… à la gauche.

 

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