La présidente de Poitou-Charentes dénonce une "trahison politique", mais oublie que, depuis cinq ans, elle fait l'objet d'un rejet massif.
Battue dimanche dans la première circonscription de Charente-Maritime par le dissident PS Olivier Falorni (DVG), Ségolène Royal a dénoncé une "trahison politique", considérant que le nouvel élu était "un député de droite". L'ex-candidate PS à la présidentielle a assuré qu'elle gardait "intacte" sa "volonté de servir" le territoire, lors d'une déclaration retransmise par les télévisions, car elle entend "continuer à peser sur les choix de la politique nationale".
"Je remercie tous les Charentais-Maritimes qui m'ont apporté leurs suffrages et je regrette de ne pas leur donner une belle victoire qui était possible pour la gauche dès le premier tour s'il n'y avait pas eu de dissident", a-t-elle souligné. "Je suis animée passionnément par l'amour de la France et le bien-être des Français, et je continuerai donc aussi à peser sur les choix et sur la réussite de la politique nationale que mènent le gouvernement de Jean-Marc Ayrault et le président de la République", a-t-elle encore ajouté.
Une longue série d'échecs
Une promesse qui lui sera bien difficile d'honorer tant depuis cinq ans son parcours est semé d'échecs. Après avoir été défaite par Nicolas Sarkozy au deuxième tour de la présidentielle en 2007, elle avait cru pouvoir faire de cette "non-victoire" un tremplin national. Elle est tombée de haut. En 2008, elle échoue dans sa tentative de devenir première secrétaire du Parti socialiste. Elle y voit - déjà - le complot d'une frange de ses amis contre ce qu'elle représente. Trois ans plus tard, elle se lance dans la primaire PS et recueille un humiliant 6,95 %. Elle est devancée par François Hollande, Martine Aubry et Arnaud Montebourg. Elle ne pourra s'empêcher de laisser couler ses larmes devant l'ampleur de la déroute.Vient ensuite sa campagne législative. Au mépris de ce qu'elle avait prôné cinq ans plus tôt, la présidente de la région Poitou-Charentes se présente dans une circonscription a priori favorable. En 2006, elle avait pourtant annoncé son intention de ne pas briguer un mandat de député, pour s'imposer à elle-même la règle de non-cumul des mandats, qu'elle défend et qui s'applique aux conseillers régionaux du Poitou-Charentes qui sont devenus parlementaires lors des élections législatives et sénatoriales de 2007 et 2008. Quelques années plus tard, ces bons principes sont foulés au pied, et Ségolène Royal repart en campagne. Mais La Rochelle n'est pas une ville comme les autres. Terre radicale depuis Michel Crépeau, la ville est insensible aux ordres parisiens et joue les rebelles quand les états-majors politiques donnent de la voix. Ce qui devait arriver arriva. Olivier Falorni, un élu local, refuse de céder et maintient jusqu'au bout sa candidature.
Battue même dans les quartiers populaires
Perdre est une chose, mais recueillir 37 % quand l'adversaire l'emporte avec 63 % est le signe que la greffe n'a jamais pris. Trop facile de mettre cela sur le dos de la division, d'un tweet ou de la droite qui aurait voulu s'offrir un scalp ! Sur place, les Rochelais ont dénoncé son débarquement brutal, son manque de connaissance des enjeux et des dossiers locaux, son ton parfois hautain. Un examen des bureaux de vote de la circonscription montre que, même dans les quartiers populaires, Ségolène Royal est devancéeSon échec ne masquait-il pas un rejet plus profond ? La fin d'une parenthèse enchantée pour elle ? D'un retour à la "normale" ? D'une fin de partie ? Plutôt que de rejeter la faute sur autrui, la candidate devrait analyser ses erreurs, et tenter de les corriger. Il en va de sa survie politique.
http://www.lepoint.fr/politique/elections-legislatives/legislatives-segolene-royal-je-suis-animee-passionnement-par-l-amour-de-la-france-17-06-2012-1474545_573.php
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